Tihar, le Festival des Lumières
En ce mois de novembre, c’est l’effervescence !
Les népalais s’apprêtent à fêter Tihar, l’un des festivals les plus importants du Népal. Durant cinq jours, la population se met en quatre pour montrer son admiration envers Laxmi, la déesse de la prospérité, mais également envers le dieu du royaume souterrain de la mort, Yama.
Laissez vous guider, nous vous emmenons au cœur de Katmandou, dans un tourbillon de lumières et de couleurs.
La célébration démarre la nuit de la nouvelle lune au 8ème mois du calendrier hindou, qui est considérée comme la nuit la plus sombre de l’année. Cette année, le festival se déroule du mercredi 30 octobre au dimanche 3 novembre 2024.
Pour aider à conjurer l’obscurité de la nuit de la nouvelle lune, tout le Népal est décoré de guirlandes lumineuses, de bougies et de lanternes en argile. La plupart des marchés, des maisons et des temples sont magnifiquement illuminés en célébration.
C’est pourquoi Tihar est également appelé le festival des lumières.
Le foisonnement et la richesse des couleurs nous enchantent. Chaque famille prépare sa maison, la nettoie, la décore avec la certitude que la déesse entrera dans la plus belle de toutes. On chante, on danse, on dessine… dans l’espoir d’attirer Laxmi dans son foyer et qu’une bonne augure veille sur la famille pour l’année à venir.
Chaque jour de Tihar est célébré à travers différents rituels et traditions qui se concentrent sur le culte des animaux et la vénération du Seigneur Yama et de la déesse Lakshmi.
Kaag Tihar
Kaag signifie corbeau en népalais. Au Népal, ces derniers sont considérés comme des messagers porteurs de bonnes nouvelles mais aussi de la mort ! Ils sont vénérés et remerciés par un véritable festin, composé de viande et de graines, qui leur est servi avant même que les membres de la famille n’aient encore mangé quoique ce soit.
La croyance veut qu’en les choyant, il est possible d’éviter le malheur et que les corbeaux vous protégeront.
Kukur Tihar
Le deuxième jour est consacré au culte des chiens, considérés au Népal comme les gardiens des portes du ciel.
Ce jour-là, les gens remercient tous les chiens, qu’il s’agisse d’animaux domestiques ou de chiens errants, pour leur loyauté et leur amitié en plaçant une guirlande de fleurs autour de leur cou et une marque de tika rouge (un petit point rouge signifiant la pureté de la foi et de la dévotion) sur leur front.
Enfin, on leur offre un grand festin qui peut inclure du lait, de la viande, ou toutes sortes de friandises que les chiens aiment manger.
Laxmi Puja
Arrive alors le troisième jour, le plus important. Il se nomme Lakshmi Puja, ce qui signifie la prière de Lakshmi.
Cette fois-ci, ce sont les vaches, assimilées à la prospérité, sur lesquelles on peut voir le tika et les couronnes d'œillets d’Inde. Elle est l’animal le plus sacré aux yeux des Hindouistes.
Une fois les vaches vénérées, les familles se réunissent pour cuisiner un grand festin et préparer le rituel pour accueillir la déesse Lakshmi.
À l’entrée de chaque maison, un dessin appelé « Mandala rangoli » est réalisé avec des poudres colorées. Il symbolise l’accueil de la prospérité apportée par Lakshmi. Puis, on dessine des empreintes de pas partant du Mandala jusqu’à l’entrée de la maison pour représenter la venue de la Déesse. Dans la maison, un petit autel est réalisé avec la représentation de Lakshmi entourée d’une lampe à huile, de fruits, de fleurs, de gâteaux, et quelques billets pour favoriser la prospérité dans la maison.
Enfin, à la tombée de la nuit, on allume partout les petites lampes à huile, la féérie commence… Jusque tard dans la nuit, petits et grands passent de maison en maison pour chanter des chants traditionnels et récupérer quelques pièces.
Guru Puja ou la prière du bœuf
Le lendemain est un jour qui se célèbre de différentes manières, selon les communautés. La plupart célèbrent Guru Puja, la prière du bœuf, et là encore, l’animal est honoré avec le tika, les guirlandes de fleurs et un festin.
Pour les fidèles de Lord Krishna, c’est Gobhardan Puja, la prière de Gobhardan. Vous pouvez alors apercevoir des petits tas de bouses de vaches recouverts d’herbe pour symboliser l’acte de Lord Krishna qui, en érigeant la colline de Gobhadan, sauva des eaux un million de personnes et de vaches.
Quant à la communauté Newar, elle célèbre Mha Puja, la prière pour soi-même. Cette journée, correspondant au nouvel an newar, est l’occasion de célébrer la vie.
Bhai Tika
C’est le dernier jour du festival. Il célèbre le lien entre frères et sœurs. Cette journée est destinée à reconstituer l’histoire de Lord Yama (le dieu de la mort) et de sa sœur, Yamuna, et l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre.
Ce jour-là, les familles se rassemblent et regardent les frères et sœurs accomplir un rituel spécial destiné à souhaiter le bien-être du frère et à garantir la protection de la sœur.
Pour commencer, elles dessinent un cercle autour d’eux avec de l’huile. L’huile ne sèche pas et symbolise un cercle de protection permanent pour les tenir à l’écart des démons et de la mort. Puis elles appliquent un tika sur le front de leur frère, le sapta rangi tika, constitué de sept couleurs, dans le but de le rendre immortel. Sur une base de pâte de riz blanche, symbole de pureté et de paix, on voit apparaître sept points des sept couleurs de l’arc en ciel. Chaque couleur correspond à une protection, une chance ou une qualité.
Les filles posent ensuite un collier de fleurs de makhamali (gomphrena violet), fleur qui a la particularité de sécher sans faner, autre symbole d’immortalité. Enfin, elles offrent un shagun, plateau d’offrandes composé de fruits et friandises. À son tour, le frère dessine un tika sur le front de sa sœur et lui offre vêtements et bijoux.
Ainsi s’achève Tihar, en célébrant la famille.
Maintenant que vous savez tout, ou presque, fermez les yeux et imaginez… des milliers de petites lumières, telle une pluie d’étoiles aux portes des maisons, des milliers de fleurs de toutes les couleurs, de la joie, du partage, de la beauté pour tous, les animaux errants invités à la fête… Ça ressemble à une célébration de la nature et de la vie, comme un retour à l’essentiel, à ce TOUT qui, ne l’oublions pas, sera toujours plus grand que nous.
Vous comprenez, j’en suis sûre, d’où vient notre inspiration et le bonheur que nous ressentons à mettre le Népal et sa belle culture à l’honneur.
Texte co-écrit par Thierry Billot & Sylvie Hollo
Photos : Libres de droit