Portrait : Valérie Maille Billot
Créatrice nomade, sensible à la Beauté, à l’Humain, aux Savoir-Faire manuels et aux Connaissances Ancestrales, Valérie est la co-fondatrice de MUSKHANE. Pendant 18 ans, elle a imaginé, dessiné et fait naitre non pas moins de 36 collections. Aujourd'hui à la tête de sa propre société, Bloom Circles, elle met désormais ses talents aux services de tous ceux qui souhaitent créer l’harmonie dans leurs cercles de vie.
À la rencontre de Valérie. Âme voyageuse, créatrice d'Harmonie et mains Guérisseuses.
Valérie Maille Billot
Co-fondatrice de MUSKHANESigne : Cancer ascendant Verseau
Lieu de vie : Annecy
Créatrice & DA de la marque pendant 18 ans
Fondatrice de BLOOM Circles
Après avoir co-fondé MUSKHANE avec Thierry, travaillé au Bhoutan au sein d’un collectif textile, tu viens de créer BLOOM Circles. Tu n’arrêtes pas ! Avant de développer tout ça avec toi, y-a-t-il un point commun, un facteur qui t’anime tout particulièrement dans la réalisation de tous ces projets ?
Oui, on peut dire qu’il y a en effet quelques points communs, qui sont mes moteurs depuis de longues années. D’abord, tisser des liens entre les êtres quelle que soit leur culture, mettre en lumière la connexion entre le cœur et les mains par le travail artisanal, et enfin, participer à créer du Beau et de l’Harmonie.
Dans mon monde idéal, il n’y a pas de frontières. Il y a juste des possibles, des connexions et des êtres qui, lorsqu’ils sont reliés à leur cœur, sont des artisans de beauté.
Revenons au début de MUSKHANE. Peux-tu nous raconter ta formation, ton parcours avant MUSKHANE, afin de comprendre comment est né MUSKHANE et pourquoi le Népal ?
D’abord, je dirais que j’ai été bercée depuis ma tendre enfance par le bruit de la machine à coudre de ma chère mère qui passait beaucoup de temps à créer et à produire. Quand j’étais petite, elle confectionnait les vêtements de toute la famille (nous sommes 5 frères et sœurs), puis quand on est devenu plus grand, elle a créé sa marque. J’ai fait mes premiers stages dans son atelier, à l’accompagner dans la création de ses collections, dans la gestion de son activité, dans l’organisation des défilés. J’ai des souvenirs très précis et très gais de cette période avec mes frère et sœurs. Et puis de mon père, j’ai hérité du goût des voyages. Je crois que c’est lui qui m’a transmis cette passion pour l’Afrique.
À 20 ans j’étais déterminée. Après avoir fini mes études de commerce, j’ai décidé coûte que coûte de partir découvrir cette terre Africaine. J’y ai passé une année, à accompagner des jeunes filles dans un centre de formation professionnelle en plein cœur de la brousse gabonaise. Je dis toujours que ça a été mon réveil de vie.
Après, tout s’est enchaîné. Je crois que quand on a réussi à accomplir un rêve, on se dit que tout est possible…
J’ai rencontré Thierry peu de temps après mon retour de voyage. Très vite nous avons eu le goût de repartir ensemble, dans un projet humain et ayant du sens. Nous avons postulé chez Handicap International, avec ce désir d’une aventure africaine ensemble. Mais nous nous sommes finalement retrouvés en Asie. En Inde plus exactement, puis au Népal. Ironie de la vie. En arrivant à Katmandou, ça a été le coup de cœur. On a décidé d’y poser nos valises…
Voilà comment est née cette histoire d’amour avec ce pays, et puis plus tard, la création de MUSKHANE.
Tu y as vécu durant 15 ans avec ta famille. Raconte-nous la vie là-bas, ce que tu as aimé, tes meilleurs souvenirs, tes lieux préférés…
J’ai adoré ma vie au Népal. Même si tout n’était pas rose, et que Katmandou pourrait paraître hostile et difficile, je ne retiens que l’enchantement et la magie.
Les couleurs, les sourires, la connexion évidente avec les gens, la vie grouillante et vibrante, l’architecture extraordinaire du vieux Katmandou, les montagnes grandioses, le climat.
J’ai passé 15 magnifiques années.
J’ai des souvenirs de vie familiale incroyablement riches. Vivre avec des enfants au Népal est formidable. Les Népalais les adorent. Ils les prennent dans leurs bras, les accueillent, leur pincent les joues. Je me souviens que parfois c’était même pénible pour nos garçons.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a cette humanité visible. Les plus âgés s’occupent des plus jeunes, les mamans massent leur bébé au soleil, la vie du dehors est tellement vivante. Ça fait du bien de voir ça. Même si je ne suis pas dupe, la vie du dedans est largement moins inspirante pour beaucoup.
Il y avait aussi le climat, le rythme : Tous les ans nous faisions au moins un trek en famille en totale immersion dans les Himalayas. Et puis nous avons aussi beaucoup voyagé dans cette région d’Asie, en train, en bus, à pied…
Vous avez vécu cette incroyable expérience en famille, tu es devenue maman durant ces années, est-ce-que tu vois chez vos enfants l’empreinte de ce pays ou, de manière plus générale, au sein de la famille ?
C’est difficile de répondre à cette question pour mes enfants. C’est tellement personnel. Souvent je dis que là-bas je me sentais enveloppée, protégée, vivante… Je pense bien évidemment qu’on a chacun été imprégné au plus profond de notre être par cette culture et par cette vie riche et foisonnante.
Nos deux grands sûrement encore plus car ils y ont vécu leurs 8/10 premières années de vie en totale immersion. Et ce sont les années où les enfants s’abreuvent sans retenue de ce qui les entoure. Leur environnement quotidien avait quelque chose de magique vu d’ici.
Je dirai que le challenge pour eux est de réussir à ré-ouvrir les portes de leur enfance népalaise. Ils ont maintenant 20 et 22 ans, et ils n’y sont pas retournés depuis plus de 10 ans! En rentrant en France, ils ont dû se mettre au diapason de leurs copains de classe. À cet âge, on n’aime pas être différent.
Alors oui, je rêve d’un voyage familial retour aux sources ! L’année prochaine peut-être ! Je suis sûre que c’est essentiel, et que cela va les aider à rallier leurs mondes. Et puis c’est important pour notre petit dernier de connaître ce pays dont il entend parler si souvent. Il n’y a été qu’une seule fois, et était encore bébé!
Aujourd’hui, qu’est-ce qui te manque le plus de cette vie népalaise ?
Je crois que c’est ce bouillonnement justement et cette vie pleine, entière, colorée. C’est aussi cette connexion naturelle avec les gens: les regards et les sourires, voir comment toutes les générations vivent ensemble. Et puis la poésie des rituels à chaque coin de rue… Tous ces lieux et recoins sacrés dégagent une énergie incroyable.
Par la suite, tu as participé à un projet au Bhoutan. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette aventure ?
Quand je suis rentrée en France, je me suis dit que ce serait fabuleux que je mette au service d’autres artisans l’expérience acquise au Népal avec MUSKHANE. J’ai posé l’intention, et la magie a opéré !
J’ai une gratitude immense d’avoir eu cette chance d'être associée à ce projet textile aux côtés de créatrices & de tisseuses bhoutanaises. Ca a été une aventure formidable, riche de rencontres, d’apprentissages, de découvertes.
Le Bhoutan m’a toujours fasciné, mais était totalement inaccessible. Alors pouvoir accompagner ces femmes à créer des collections de textiles pour le marché occidental, c’était inespéré !
Revenons à MUSKHANE. Tu as été la créatrice et la directrice artistique de la marque pendant 18 ans. Quelles étaient tes plus grandes sources d’inspiration dans la création des objets ?
Bien évidemment tout ce qui m’entourait au Népal, ce dont je parlais au tout début : couleurs, rituels, énergie, rencontre, temples, sourires, vêtements, histoire, architecture, nature…. Bodnath aussi, le stupa bouddhiste tellement inspirant où nous passions beaucoup de temps avec les enfants, à regarder les moines aux tuniques pourpres, et tous ces pèlerins venant de si loin, avec leurs visages, leurs tenues, leurs ornements si majestueux.
Les Himalayas étaient mon monde, mon obsession. Je rêvais du Tibet, du Bhoutan, du Mustang, du Dolpo… toutes ces contrées tellement éloignées et mythiques… J’ai des dizaines de livres sur ces régions, et j’ai passé de nombreuses heures à me plonger dans ces images et ces histoires.
Il y a eu également cette émulation avec toutes les femmes qui ont œuvré pour MUSKHANE durant toutes ces années.
Les népalaises avec qui nous travaillons depuis le tout début ont toujours été le moteur de ma créativité. Joyeuses et volontaires, elles n’ont cessé de m’inspirer et de me donner la force à chaque saison de recommencer, de perfectionner, de réinventer.
Et puis, il y a eu aussi les collaborations avec des créatrices françaises qui ont apporté leurs touches et leur regard sur cette matière et sur ces lieux, et qui chacune à leur façon ont contribué à enrichir les collections : Sylvie Bussat, Sylvia Marius, Aline Balbous, Florence Bories, Emma Nivet avec qui j’ai travaillé en tandem depuis notre retour en France et qui a repris la direction artistique il y a deux ans, et plus récemment, Jeanne Lozay qui a contribué à plus de lisibilité et de visibilité de la marque.
Si tu ne devais garder qu’un ou deux objets MUSKHANE, lequel choisirais tu ?
J’adore les objets poétiques et aériens que nous avons créés. Ils m’apaisent et me réjouissent. Ce sont des clins d’œil joyeux dans la maison. J’aime ce concept de bijoux et d’ornements pour la maison. Mais si je devais choisir, je crois que j’opterai pour un incontournable, et un indispensable : le tapis rond, uni ou bicolore !
Je suis fan de ce produit. Par nature, j’aime la rondeur et les formes organiques. J’aime aussi cette notion de créer des espaces dans l’espace, dans mes pièces de vie… et puis, ce qui me plait aussi c’est cette touche de vitalité, de couleur et de douceur qu’il apporte. Bref, je ne vous dirais pas combien j’en ai à la maison! Je pense qu’il y en a au moins un dans chaque pièce !! Et puis, ça a été le tout premier produit en feutre que j’ai découvert. Un jour alors que j’étais assise par terre chez l’un de nos fournisseurs, ils m’ont proposé un tapis en feutre pour que je n’attrape pas froid. Ça a été une révélation.
De quoi es-tu la plus fière dans la réussite de MUSKHANE ?
Oh ! je ne sais pas si je parlerai de fierté! En tout cas je suis heureuse de participer au maintien et au développement d’un savoir-faire fabuleux. C’est important de remettre le travail de la main et du cœur à l’honneur.
Et puis cela me fait du bien de penser que j’ai contribué à ma manière à créer des ponts entre nos cultures, en insufflant la magie du Népal dans nos intérieurs occidentaux. C’était l’un de mes grands rêves il y a 20 ans, quand on a commencé l’aventure. Et je sais maintenant que nos produits apportent énormément aux personnes sensibles et soucieuses de leur bien être et de leur environnement. Beaucoup de nos client.es parlent du pouvoir thérapeutique de nos créations. Quel bonheur de savoir ça !
Enfin, ce qui me comble plus que tout c’est d’apporter un travail et de contribuer à une certaine indépendance d’une cinquantaine de femmes népalaises qui en ont tellement besoin. Ca n’a pas de prix !
Pour finir, tu viens de fonder BLOOM CIRCLES. J’imagine qu’il y a un lien entre tes expériences passées et cette nouvelle aventure. Peux-tu nous raconter le point de départ de ce projet et en quoi cela consiste exactement ?
Depuis très longtemps je suis passionnée par le monde de la guérison, des soins, des énergies. Au Népal, c’est un langage accessible, commun, et les possibilités d’apprentissage sont nombreuses. Alors, j’en ai profité: Vipassana, Pranic Healing, Ayurveda, Shiatsu, j’ai appris beaucoup de techniques différentes, méditation, massages, rituels….
Et puis de retour en France j’ai découvert grâce à ma sœur et à sa transmission Pur Lux des pratiques de soins énergétiques des peuples natifs du Pérou. Tout s’est éclairé et mis en place. BLOOM Circles s’est imposé, avec le désir d'accompagner femmes & hommes à créer des espaces d'harmonie et de beauté dans leurs différents cercles de vie. Voilà à quoi je m’attelle aujourd’hui.
Finalement ce n’est que la continuité de ce rêve de mes 20 ans !
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CONTACT
Valérie Maille Billot, créatrice d'harmonie :
Interview réalisée par Sylvie Hollo
Archives photos par Valérie Billot. Autres photos par Philippe Garcia & Estelle Lou Leroy